Hé non, le papier n’est pas mort ! Fondus du digital, nous allons vous raconter que fabriquer du papier, c’est un véritable art. Et on va même vous faire aimer ça.
Au mois d’août, nous avons eu la chance d’être invités par Antalis et Arjowiggins dans la jolie ville d’Aberdeen, en Écosse. Au programme : visite du Stoneywood Paper Mill, usine de fabrication de papier, et découverte de la fabrication des rouleaux filigranes. Et avec ça, visite d’une distillerie, dégustation de whiskies et autres spécialités écossaises. C’est parti !
Mercredi
Départ en Ecosse avec une dizaine de privilégiés, imprimeurs et graphistes de toute la Suisse, accompagné par les directeurs d’Antalis Print. Après quelques heures de voyage, on arrive à Aberdeen et on découvre notre petit pied à terre pour le séjour : un gigantesque manoir construit en 1700.
Après un copieux lunch, départ en taxi pour Woollard and Henry Ltd. Une des dernières usines spécialisées dans la fabrication de rouleaux égoutteurs. Ces rouleaux permettent de texturer le papier durant sa fabrication et d’y intégrer des motifs filigranés. Une technique souvent utilisée dans le cadre d’une identité de marque, ou simplement pour ajouter un élément visuel distinctif sur du papier à lettre.
Comment ça marche ? La première étape est la fabrication de la structure de base. Chaque rouleau, dont le gabarit n’est destiné qu’à une seule machine, est constitué de bronze et d’acier inoxydable.
La deuxième étape consiste à créer une couche filigrane qui viendra recouvrir la structure de base. Il en existe deux types :
Le filigrane au trait : des fils de cuivre soudés à la main sur la toile fine (les fils font des clairs)
Le filigrane ombré : qui est obtenu en embossant la toile, tel un gaufrage. Cette dernière méthode est privilégiée quand un dessin est complexe ou qu’il comporte plusieurs nuances de gris.
On vous aurait bien montré à quoi ça ressemble. Mais, clause de confidentialité oblige, il nous a malheureusement été interdit de prendre en photo les rouleaux filigranes dans les ateliers.
De retour au Manoir, Sabrina et Serge (responsables Antalis en Suisse romande) improvisent une petite balade le long du Don, rivière qui alimente depuis toujours la fabrique de papier Arjowiggins. Nous avons la chance de croiser des biches et autres petits animaux ainsi que des chardons, petites fleurs violettes typiques d’Écosse.
C’est déjà la fin de la journée. Un joueur de Cornemuse nous rejoint au Manoir pour faire groover l’apéro. Il nous invite à tester l’instrument. On hésite. Puis, on se lance! Embarrassés par notre succès soudain, on passe rapidement au repas.
Et là, pour être tout à fait honnêtes, on ne sait pas trop à quoi s’attendre au niveau culinaire. Pourtant, tous les mets sont absolument délicieux, comme le traditionnel saumon, le haggis (panse de brebis farcie), le fish and chips et j’en passe. D’autres découvertes sont un peu moins plaisantes, comme les tartines au Marmite, une espèce de Cenovis beaucoup trop salé. A oublier…
Après le repas, le directeur de l’usine de papier nous fait découvrir l’Écosse à travers ses huit meilleurs whiskies. L’ambiance, plus que festive, nous permet de faire mieux connaissance avec nos compagnons de voyage.
Jeudi
Départ à pied pour la tant attendue visite de la fabrique Arjowiggins. Elle fabrique des papiers fins depuis plus de deux cents ans ! Chaque année, des centaines de papiers y sont créés. On se sent comme des gamins.
Arrivés à l’usine, la visite commence par l’atelier de création de couleur. A partir de pâte de papier diluée et de colorants, différents dosages sont testés pour obtenir la bonne recette de coloration afin d’atteindre la teinte parfaite. Les spécialistes se basent la plupart du temps sur des références (Pantone, CMJN, RAL etc.) mais ils doivent parfois aussi, selon les demandes, retrouver les couleurs exactes de bouts de tissu ou d’objets, par exemple. Un travail long et minutieux. On adore.
Direction maintenant les chaînes de production ! Nous commençons par voir le raffinage de la pâte de cellulose. Un doux mélange de fibres longues (pour la solidité) et courtes (pour l’opacité) avec de l’eau de la rivière, dans une grande cuve que l’on appelle un pulpeur. Avant l’égouttage sont ajoutés les colorants. C’est également lors de cette étape que les rouleaux filigranes entrent en jeu. Lors de notre visite, nous avons pu suivre une production de Keaykolour noir.
Ensuite, le voyage continue. La pâte de papier raffinée est envoyée en presse afin d’être étalée et séchée. Elle est ensuite lissée pour égaliser ses surfaces puis est enroulée en bobines. Elle peut ensuite être découpée en feuilles.
Une des particularités de cette usine est de proposer une machine double qui peut assembler deux couches de papier d’un grammage de 80 à 450 g/m2 !
Après quelques heures de visite, retour au Manoir pour un traditionnel fish and chips. La panse bien garnie, départ pour une visite de la Glen Garioch Distillery, une distillerie de whisky fondée en 1797 par Thomas Simpson, située dans le village d’Old Meldrum dans l’Aberdeenshire. Le whisky n’a désormais plus aucun secret pour nous.
Dernière soirée. C’est une surprise. On quitte le Manoir direction le centre d’Aberdeen. Les taxis nous déposent devant une grande église pour… y manger! (si si !). Les églises n’étant pas des monuments sacrés en Écosse, elles sont très souvent réaménagées en restaurants, bars, chambre d’hôtes, etc. D’ailleurs, après un copieux repas, on part faire la fête dans… une autre église ! Puis, dernière nuit dans notre petit Manoir.
Vendredi
Présentation de la nouvelle collection de papiers d’Antalis. Et là, c’est Noël ! On découvre une quantité de nouveaux papiers, tous aussi magnifiques les uns que les autres. De nouvelles teintes comme le Chili Pepper, le Kiwi ou encore le Carmine font leur entrée dans la gamme des KeayKolour que nous connaissons tous. Il y a également de nouveaux papiers pailletés, avec un taux de paillettes variable, qui scintillent au contact des rayons lumineux. Mais le pompon, c’est cette toute nouvelle gamme de papiers métallisés. On y retrouve notamment un papier bronze qui est juste sublime. Bref, on en prend plein les yeux !
Puis, à tour de rôle, chacun présente quelques projets qu’il a réalisé sur des papiers Antalis. On discute, on regarde, on échange. C’est une belle matinée.
Il est maintenant l’heure de quitter les lieux. L’équipe d’Antalis nous emmène encore voir la zone de pêche d’Aberdeen, petite zone pavée et colorée qui décadre pas mal de la ville. On s’y promène un moment, on admire la mer, on fait une petite photo souvenir puis on retourne en ville pour manger. Un peu de shopping, un ou deux verres et hop ! Direction l’aéroport.
Ainsi se termine cette aventure pleine de surprises et de rencontres. On s’en souviendra longtemps ! Merci Arjowiggins, Merci Antalis.